La semaine dernière nous vous présentions rapidement les trois piliers de la Slow Fashion. Aujourd’hui, nous allons voir plus en détail le premier de ces piliers : l’environnement et l’écologie.

L’industrie textile est la seconde industrie la plus polluante au monde (juste après la pétrochimie).

Aujourd’hui la mode a pris de l’ampleur et elle tient une grande place dans nos vies. Mais plus l’influence de la mode sera grande, plus le fardeau sera lourd pour la planète. C’est pour cette raison que l’environnement et l’écologie font partie des valeurs de la Slow Fashion.

Ce respect pour l’environnement se traduit notamment par deux points :

– Le choix des matières

– Le choix des procédés

Si l’écologie est un choix que font certaines marques, c’est également un choix que nous pouvons faire dans l’utilisation que nous faisons de notre garde-robe c’est pourquoi nous parlerons aussi de cycle de vie d’un produit.

Organic cotton bolls

1- écologie et choix des matières

Tout comme la nourriture, les vêtements sont fabriqués à partir de plusieurs ingrédients. L’ingrédient principal étant évidemment le tissu.

Qu’il soit naturel ou synthétique, le tissu possède une empreinte écologique qui se mesure selon trois échelles : sa consommation d’énergie, sa consommation d’eau et son taux d’émission de CO².

A première vue, on pourrait penser que les matières synthétiques sont celles qui sont les plus nocives pour l’environnement.

Par exemple, la production de polyester (l’une des fibres les plus répandue dans l’industrie textile aujourd’hui) est très gourmande en énergie. Le procédé de fabrication de cette fibre est donc très nuisible pour l’environnement car il s’accompagne de fortes émissions de CO².

En revanche, le polyester est recyclable à l’infini et le procédé de recyclage de cette matière est nettement moins nuisible pour l’environnement.

Mais alors, les matières naturelles sont donc surement la solution ? Pas nécessairement.

En effet, si l’on prend l’exemple  du coton, qui est la matière la plus utilisée dans l’industrie textile, sa production ne se fait pas sans un impact écologique.

La culture du coton demande un grand apport en eau ainsi qu’en produits chimiques (que les agriculteurs utilisent pour améliorer le rendement). Ainsi, 25% des pesticides utilisés dans le monde, le sont pour la culture du coton.

Par ailleurs, une fois récolté, le coton doit ensuite être transformé en fibre et cette étape demande également un apport important en eau. En tout, de la culture à la fabrication de la fibre, il faut compter en moyenne entre 7 000 et 29 000 litres d’eau pour produire 1kg de coton.

Cet apport très important en eau pour la culture du coton est d’ailleurs l’une des causes principales du dessèchement de la mer d’Aral.

Mais alors, que choisir ?

Bien que toutes les matières aient un impact sur l’environnement, il existe des solutions :

– Les matières recyclées : le recyclage d’une matière demande généralement moins d’eau, d’énergie et de produits chimiques que la production d’une nouvelle fibre. La marque américaine Reformation utilise ainsi régulièrement des matières recyclées comme le polyester ou la Viscose.

– Les matières biologiques : Le coton bio par exemple demande moins d’eau et surtout pas ou peu de produits chimiques pour sa production. La marque française Ambrym utilise principalement des matières biologiques comme le coton dans la confection de sa collection.

– Le chanvre : la production de cette matière demande seulement 1/5 du volume d’eau nécessaire à la production de coton.

– Le bamboo : cette plante pousse rapidement ce qui permet des rendements plus importants et ne nécessite pas beaucoup d’eau et de pesticides (en revanche la transformation du bamboo en une fibre est un procédé relativement gourmand en énergie).

– Les nouvelles matières : la marque Patagonia a mis au point une matière fabriquée à partir de bouteilles plastiques recyclées. 25 bouteilles sont alors nécessaires à la fabrication d’un manteau. Depuis la mise au point de cette matière, la marque a ainsi recyclée environs 86 millions de bouteilles plastiques.

La marque espagnole Ecoalf quant à elle propose des vêtements fabriqués à partir de filets de pêche, de pneus usagés ou encore de café (post-consommation).

Ecoalf recycled fishnets sustainable fashion

2- écologie et choix des procédés

Si la création d’un tissu a un impact écologique, celui-ci ne s’arrête pas une fois la fibre créée. En effet, pour créer un vêtement, le tissu doit ensuite être teint.

Cette étape est très certainement l’une des plus nuisible pour l’environnement. En effet, la teinture se fait avec des produits chimiques et demande également une grande quantité d’eau et d’énergie.

Par ailleurs, cette étape produit une grande quantité de déchets polluants. Les usines doivent donc être équipées d’un système de traitement de l’eau. Malheureusement, cette étape n’est pas toujours respectée, en découlent ainsi la pollution des rivières et l’empoisonnement de la faune et de la flore, mais surtout des populations vivant à proximité.

Les teintures chimiques ont été inventées au 19ème siècle et à cette époque il n’était pas rare de trouver du mercure ou même de l’arsenic dans les teintures.

Aujourd’hui on ne trouve plus ces matières dans les teintures chimiques, mais celles-ci restent tout de mêmes très dangereuses pour la santé, surtout si les travailleurs en contact avec celles-ci ne possèdent pas de protection adéquate.

Les teintures dites naturelles sont elles très peu utilisées de nos jours, mais heureusement certaines marques font encore l’effort de les utiliser. C’est le cas par exemple de la marque britannique Kitty Ferreira  qui teint ses tissus avec de l’oignon ou de la grenade.

Indian Pigments Dyeing textile teinture

 

3- écologie et cycle de vie d’un vêtement

A) l’entretien des vêtements

Si la production d’une fibre et le procédé de transformation sont des étapes relativement nocives pour l’environnement, l’impact écologique d’un vêtement ne s’arrête pas au moment ou nous l’achetons.

En effet, l’une des étapes les plus polluantes du cycle de vie d’un produit est… l’entretien que nous en faisons, et cette étape compte pour près de 60% de l’impact écologique d’un vêtement.

Le lavage d’un vêtement n’est pas une étape anodine, l’utilisation d’une machine à laver demande de l’énergie, de l’eau et des produits chimiques (lessive, assouplissant).

Le lavage trop fréquent estompe les couleurs et accélère la détérioration du vêtement.

Par ailleurs, en ce qui concerne les matières synthétiques, à chaque lavage de minuscules particules plastiques se retrouvent dans l’eau (près de 1900 particules par vêtements et par lavage). Malgré le traitement des eaux usagées, ces particules restent bien souvent présentes dans l’eau (car trop petites pour être éliminées) et finissent donc dans les cours d’eau et dans les océans.

Selon certains scientifiques, il pourrait s’agir de l’un des problèmes environnementaux les plus graves dans les années à venir. En effet, ces microparticules se retrouvent bien souvent dans notre nourriture (selon le scientifique Mark Browne, un tiers de notre nourriture contiendrait déjà ces microparticules de plastique).

La solution est elle ne plus laver nos vêtements ? Bien sûr que non, mais il existe des méthodes pour réduire l’impact écologique de l’entretien des vêtements :

– laver à basse température (afin de faire une économie d’énergie)

– Ne pas faire tourner de machine à moitié vide et bien séparer les vêtements par couleur

– utiliser des lessives naturelles ou écologiques

– tout simplement laver moins souvent (les vêtements comme le jean n’ont pas besoin d’être lavé aussi souvent que les sous-vêtements par exemple).

Entretien vêtements Clothing care

B) écologie et fin de vie d’un vêtement

Si l’impact écologique d’un vêtement ne s’arrête pas à la porte de chez nous, il ne s’arrête pas non plus lorsque nous décidons de nous débarrasser de celui-ci.

Si presque toutes les matières sont recyclables, peu de vêtements le sont en fait réellement. Beaucoup de vêtements finissent leur vies déchiquetés et transformés en matériels d’isolation. Pour le reste c’est souvent l’incinération ou les décharges.

En 2013 en Europe, sur les 5,8 millions de tonnes de déchets textiles, 75% ont terminés leur vie incinérés ou dans les décharges.

Toutefois certaines marques essaient de changer cela. Par exemple, la marque Pic de Nore a lancée une gamme de pulls en laine recyclée. La marque récupère les pulls usagés et recycle cette laine en une nouvelle matière qui est ensuite utilisée pour la fabrication de nouveaux vêtements.

La marque britannique Marks & Spencer propose également un programme de récupération des vêtements usagés, tout comme la marque suédoise H&M.

 

Conclusion

A première vue, écologie et mode ne sont pas faits pour s’entendre. En effet, le système même de la mode est fondé sur l’utilisation des ressources naturelles et sa production est source de déchets. Pourtant, il est possible de concilier les deux.

Nous l’avons vu, il n’y a pas de solution toute faite pour faire rimer mode et environnement, il existe cependant des marques qui tentent de réduire leur impact négatif sur la planète et nous pouvons également faire notre part du travail en prenant soin de nos vêtements.

 

Quelques exemples de marques qui font rimer mode et écologie

  • Amour Vert (utilisation de matières écologiques + programme un T-shirt acheté = un arbre planté)
  • Monkee Genes (utilisation de matières écologiques et biologiques comme le coton bio)
  • The White T-shirt Company (utilisation de matières biologiques et écologiques comme le coton bio ou le bamboo)
  • Veja (utilisation de matières écologiques, teinture végétale)
  • Freitag (innovation avec la création d’une matière entièrement biodégradable)
  • Buttress & Snatch (zéro déchets)
  • Terials (utilisation de matières écologiques comme le liège)
Stéphanie
Fashionista d'un nouveau genre, je vous fais partager ma passion pour la mode éthique et responsable.