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Nous avons tendance à l’oublier mais produire un vêtement est un processus créatif long qui demande du temps et des ressources.

Cette semaine, je vous propose donc de nous immerger dans le travail d’un créateur de mode et plus précisément dans le travail de Laure.

1- L’idée

Comme toute entreprise, la création d’un vêtement commence avec une idée. Pour cela, Laure s’inspire de ce qui l’entoure : les défilés, les magazines les expositions (sur la mode ou autre) ou encore les salons textiles. Parfois, Laure puise également son inspiration dans le passé en se plongeant dans les archives de la mode (un bon outil pour cela étant notamment Pinterest).

Toutes ces recherches lui permettent d’aboutir à une réflexion sur les volumes et l’allure générale du vêtement (le croquis). C’est également à ce moment  là que la créatrice commence à entrevoir les possibles déclinaisons du produit (comme par exemple un top qui pourrait également être décliné en robe).

2- La matière

Une fois que le vêtement commence à prendre forme dans la tête de la créatrice, il est temps de le rendre un peu plus réel. Pour cela, faut il encore trouver la matière dans laquelle il sera confectionné.

Laure se met donc en chasse de tissus en commençant par déterminer la déclinaison de couleurs qui lui plaît et le type de tissus.

Outre le tissu, Laure est particulièrement attentive aux détails c’est pourquoi dès cette étape de la confection, elle commence à réfléchir aux finitions.

3- Le Patronage / Moulage

C’est à cet étape que le vêtement passe de l’état d’idée à celui d’objet physique. Pour cela, deux techniques existent : le patronage ou le moulage.

Evidemment, pour les non-initiés à l’univers du textile, ces mots peuvent sembler barbares. Sans être une spécialiste, je vais essayer d’éclairer un peu vos lanternes.

Le patronage, c’est un peu l’équivalent du plan d’architecte. Le créateur dessine donc toutes les parties qui vont former le vêtement et les dessiner sur une grande feuille. Chacun de ces morceaux sera ensuite découpé avant d’être utilisé pour la coupe du tissu et le montage du vêtement.

Le moulage quant à lui se rapproche plus d’une sculpture du vêtement. Pour certaines techniques, il est difficile de créer un patronage. C’est le cas du plissé par exemple.

Du coup, la créatrice opte plutôt pour une sculpture sur mannequin du vêtement. Ainsi, elle pourra plus facilement se rendre compte et ajuster les différents détails du modèle.

4- Le montage

Une fois que l’on a un patronage complet, il faut ensuite découper le tissu et commencer à monter (à créer) le vêtement. A ce moment là de la confection, on n’utilise pas encore le tissu qui a été choisi. C’est une toile en coton écru qui est utilisée. celle-ci est très pratique puisque la créatrice peut dessiner dessus et ainsi apporter des modifications au modèle.

5- Le montage tissu

Après un premier montage dans une toile d’essai, le vêtement est ensuite construite dans sa matière définitive. En effet, la toile ne permet pas de voir tous les détails puisque chaque matière a ses caractéristiques propres. Par exemple, le tombé de la toile en coton sera très différent du tombé d’une soie ou d’une laine.

Ce montage sert donc à voir d’autres détails et à rectifier de possibles problèmes.

C’est à cet étape que le vêtement définitif voit le jour.

6- Calculs

La mode n’est pas que créativité et glamour, c’est aussi une discipline très rigoureuse et qui demande beaucoup de précision.

L’étape numéro 6 est celle du calcul du prix de revient, des marges et du prix de vente définitif. Pour cela, il faut prendre en compte, le prix du tissu et le métrage nécessaire pour réaliser une pièce (la quantité de tissu nécessaire). Il faut également prendre en compte le prix des accessoires (zip, élastiques, boutons, fil), le temps de travail nécessaire etc…

Toutes ces données vont ensuite permettre de définir le prix de vente du vêtement en fonction de son coût. C’est pour cela, qu’une pièce travaillée vous coûtera toujours plus cher qu’un article relativement simple.

7- Gradation

Encore un étape un peu technique puisque qu’il s’agit de créer toute la gamme de tailles. En partant de la taille de base, il faut déterminer le patronage (plan) des autres tailles.

8- Montage définitif du vêtement

Vient ensuite le moment de monter un vêtement qui sera prêt à être vendu.

9- Shooting et retouches photos

Une fois le vêtement créé, il faut ensuite le photographier, retoucher les photos (lumières, cadrages, couleurs etc…)

10- Mise en ligne sur le site

Et enfin, le moment tant attendu : présenter le produit aux clientes ! Il faut donc rédiger une description du produit et mettre la fiche technique en ligne sur la boutique.

 

Et oui, au final il ne faut pas moins de 10 étapes et des heures de travail pour créer un vêtement. (évidemment cette méthode est celle de Laure, un autre créateur travaillera peut être différemment mais quelque soit la méthode, la quantité de travail à fournir reste titanesque).

Mais alors, vous vous demandez sans doute comment les enseignes de fast fashion peuvent produire des quantités astronomiques de vêtements en des temps records ? Il y a plusieurs explications :

  • Beaucoup d’enseignes de fast-fashion ne créent pas à proprement parler mais se contente de copier ce que font les autres (et hop, on supprime l’étape n°1)
  • Les vêtements sont souvent des déclinaisons de modèles existant, ce qui facilite l’étape du patronage
  • De nombreuses personnes travaillent à la conception d’une seule pièce, chacune réalise une petite partie (c’est le travail à la chaîne)
  • Les détails sont rarement la priorité des marques de fast-fashion. Ainsi, Laure m’explique que pour s’assurer de la longévité de ces vêtements, elle opte souvent pour des finitions plus complexes (et plus longues à réaliser) ce qui lui demande nécessairement plus de temps.

Par ailleurs, Laure propose des vêtements en demi-mesure (voire sur mesure) ce qui implique qu’elle doit reprendre une partie de la conception du vêtement à chaque cliente qui souhaite personnaliser son vêtement.

Alors finalement, oui, la mode responsable est définitivement plus chère que la fast fashion, et elle restera toujours plus chère. Mais cela pour une bonne raison.

En acceptant de payer plus pour un vêtement issu de la mode éthique, vous reconnaissez le travail des artistes / artisans qui se cache derrière mais en échange vous recevez le fruit de leur savoir-faire à travers leur création.

Laure Derrey Processus Créatif Inspiration
Etape 1 – L’inspiration Step 1 – inspiration
Laure Derrey Processus créatif patronage
Etape 3 – patronage Step 3 – pattern
Laure Derrey Processus créatif montage
Etape 4 – le montage Step 4 – assembly
Laure Derrey Processus zoom montage
Etape 4 – Le montage – zoom sur la toile Step 4- assembly, focus
Laure Derry processus créatif montage tissu proto
Etape 5 – Le montage tissu Step 5 – assembly (real fabric)
Laure Derrey processus créatif montage prototype zoom
Etape 5 – Le montage tissu – zoom sur le prototype Step 5 – Assembly – zoom
10-shootingphotoface
Etape 9 – Le shooting photo Step 9 – photo shoot
Laure Derrey Processus créatif photo shoot
Etape 9 – Le shooting photo Step 9 – photo shoot
Laure Derrey proessus créatif comparaison zara
A droite un vêtement Zara, à gauche le top Panthéon de Laure Derrey.

Sur la photo ci-dessus on voit bien que les finitions du top Laure Derrey sont très soignées ce qui n’es définitivement pas le cas du top Zara à droite. Le fil n’est pas de la même couleur que le tissu, les finitions semblent faites en hâte et sont grossières. Tout l’inverse du travail de Laure.


We tend to forget it (thanks to fast fashion brands) but creating and producing garments is a long process. Today we are going to follow this process, guided by Laure Derrey.

1- idea / inspiration

Like every project, a garment comes from an idea. Laure gets her inspiration from everything around her : magazines, exhibitions, catwalks, fashion from the past etc…

Once the idea is planted, Laure starts to draws a first sketch of the garment

2- Fabric

Once she has the general idea for the clothe she will determine what kind of fabric she would like. Then starts a treasure hunts to unearth the perfect fabric. Often she will find something close from what she expected and sometimes she will have to work out with what comes her way.

At this point, the designer also starts to imagine the details and finishing touches of her creation.

3- Pattern / Molding

At this point, the garment is about to come to life. From a drawing to an actual product and for that, two methods can be applied : drawing and cutting a pattern or creating a molding.

The molding is especially used if he garments is made using techniques like plissé which are difficult to draw flat.

4- Assembly

The garment is then created out of a special white cotton fabric. The item created is called a toile. Like the painter, Laure draws on the toile, cuts it and makes all the necessary change on the garment.

5- Assembly (real fabric)

The designer then creates a final molding out of the chosen fabric. If the cotton toile is quite handy to see some details, it may not always be entirely truthful to the chosen fabric. (especially the drapes of the fabric).

6- calculation

Fashion is not only creativity and glamour, it also a precise industry.

At this point in the design of a garment, the designer has to decide of the price of her creation. For that, she needs to analyses the price and quantity of fabric needed, the prices of the accessories (zips, buttons, threads), the time spent on the garment in order to calculate the production costs and margins.

7- Gradation

Gradation is the creation of the size range for the item.

8- Definite assembly

The final garment is created and ready to be sold.

9- Photoshoot

The photoshoot is the final touch before the garment can be brought to the eyes of the customers.

10- Online

Finally, Laure creates the description and the item is put on the eshop.

In the end it is up to 10 steps to create a garment and put it on sale on Laure’s website.

But then, you may wonder how do the fast fashion brands produce so many clothes in so little time? There are a few reasons :

  • Most of those brands do not create original clothes, they are simply copying what others are doing
  • Most of the garments are variations of an existing style (meaning the pattern process is facilitated)
  • Many people are working on one garment. Each making a small part.
  • Details are not the priority of those brands and the finishing touches are usually made in a hurry. Laure for instance was explaining to me how she would always choose complex finish for her clothes. This attention to detail is a reason for the durability of her creations.

Finally, yes ethical fashion is and always will be more expensive than fast fashion. But this is for a good reason. For when you buy a garment made ethically you are rewarding artisans for their time and crafts while getting in return a beautiful and unique creation.

Stéphanie
Fashionista d'un nouveau genre, je vous fais partager ma passion pour la mode éthique et responsable.