Nous continuons toujours notre découverte des valeurs de la Slow Fashion. Après l’écologie la semaine dernière, nous découvrons aujourd’hui le rapport de la mode éthique aux personnes qui font la mode.

Bien que de plus en plus automatisée, l’industrie textile est source de nombreux emplois à travers le monde. Des designers aux agriculteurs, des centaines de milliers de personnes oeuvrent chaque jour pour la mode. Malheureusement, plus on descend dans l’échelle sociale de la mode, plus les conditions de travail sont souvent loin d’être éthiques.

Là encore, rien d’étonnant que le rapport à l’humain soit donc au centre des valeurs de la Slow Fashion.

Pour explique ce rapport à l’humain, nous allons nous attacher à quatre points en particuliers : le commerce équitable, l’artisanat  et enfin l’émancipation des femmes.

1- Mode et commerce équitable

Dans tous les supermarchés de France et de Navarre on trouve du chocolat ou du café issus du commerce équitable. Nous sommes donc habitués à ce terme (bien qu’il soit toujours difficile d’en donner une définition précise).

Et pourtant, si le commerce équitable est entré dans nos cuisines, il n’est pas encore arrivé jusque dans nos penderies. Pourtant, il existe des marques dont la production est intimement liée au commerce équitable.

C’est le cas par exemple de la marque de prêt à porter britannique People Tree, qui travaille depuis plus de 20 ans avec une chaîne de production entièrement équitable. People Tree fait appel à plusieurs groupes situés dans plusieurs pays. Chaque groupe propose un savoir-faire différent et la marque s’attache à entretenir des relations durables avec chacun d’entre eux en proposant à chaque fois des salaires décent ainsi que de bonnes conditions de travail.

Mais au fait, que signifie vraiment commerce équitable ?

Selon l’organisation mondiale du commerce équitable (WFTO), il existe 10 principes pour définir le commerce équitable :

  1. La création d’opportunités pour des communautés marginalisées
  2. La transparence et la responsabilité
  3. Le respect des intérêts sociaux, économiques et environnementaux des communautés avec laquelle le travail s’effectue
  4. Le paiement d’un salaire décent pour les travailleurs
  5. Pas de travail forcé ou de travail des enfants
  6. Non-discrimination, l’égalité homme-femme, et la liberté d’association
  7. S’assurer de conditions de travail correctes
  8. Soutenir le développement des producteurs
  9. Promouvoir le commerce équitable
  10. Respect de l’environnement

World Fair Trade Organization Organisation Mondiale du Commerce Equitable

Hand Loom Artisan A Peace Treaty Fair Fashion
source : A Peace Treaty

2- Mode et artisanat

Chaque année, des savoir-faire ancestraux disparaissent et travailler avec des artisans permet de contre-carrer cela en créant des emplois et en dynamisant des communautés.

Les savoir-faire artisanaux sont souvent liés à des communautés rurales. La disparition de ces savoir-faire (et des emplois qui vont avec) poussent ainsi les habitants à se rapprocher des grandes villes, où ils sont généralement obligés de prendre des emplois dans de grandes usines dans lesquelles les conditions de travail sont souvent inacceptables.

Ainsi, travailler avec des artisans permet de raviver ces communautés qui sont ensuite capables de créer de la valeur et donc de s’émanciper.

La marque Pachacuti travaille ainsi depuis 1992 avec des artisans d’Amérique Latine pour la fabrication de sa collection de panama. Les chapeaux de la collection sont ainsi tissés à la mains par des artisans locaux.

Mais l’artisanat n’est pas réservé aux contrées lointaines, l’Europe est également riche de savoir-faire. Par exemple, la marque Ateliers Tersi s’inscrit également dans cette dynamique de conservation des savoir-faire.

La marque propose une collection de chaussures entièrement fabriquées (et sourcées) en France. Ateliers Tersi s’appuie sur le travail des tanneurs français et la fabrication est réalisée dans la capitale historique de la chaussure : Romans sur Isère.

Ateliers Tersi Chausseur français savoir-faire
source : Ateliers Tersi

3- L’émancipation des femmes

On le sait, la grande majorité des employés de l’industrie textile sont des femmes (environ 80%). Et dans les pays en développement, elles représentent également une main d’oeuvre plus fragile.

En effet, les femmes sont bien souvent moins payées que les hommes. Par ailleurs, le manque d’éducation des femmes dans ces pays les poussent souvent vers les travaux les moins qualifiés (et donc moins bien payés).

Comme il n’est pas rare que les femmes de communautés rurales se retrouvent obligées de partir dans les villes afin de subvenir au besoin de leur famille, elles se retrouvent souvent seules. Elles sont alors plus vulnérables face aux menaces ou même au harcèlement sexuel de leurs supérieurs hiérarchiques.

Pour celles qui ne peuvent pas se déplacer dans les usines pour travailler, le travail à la maison est souvent une alternative. Le travail de broderie est ainsi souvent confiée à des femmes qui travaillent de chez elles. Cependant, ce type de travail n’est pas très encadré et donc, comme on pourrait s’y attendre, les abus sont nombreux.

Le travail à la maison est généralement rémunéré à la pièce et il est surtout très mal rémunéré. Ces femmes sont donc souvent obligés de travailler nuit et jour (souvent avec l’aide de leurs enfants) pour un salaire de misère.

C’est pour toutes ces raisons que le travail des marques de mode responsable est important. En effet, en procurant à ces femmes un emploi stable, dans de bonnes conditions et avec un salaire décent, ces marques permettent ainsi de réduire les inégalités homme-femme qui existent dans ces pays.

Ainsi, la marque People Tree travaille avec un groupe composé entièrement de femme au Bangladesh: Swallows. Cette communauté permet aux femmes de s’émanciper par leur travail, tout en ayant la possibilité d’élever leur familles. Le groupe propose ainsi une école pour les enfants et s’est doté depuis 2007 d’une garderie.

Women Panama Hat Weavers Pachacuti Fair Trade Fair Fashion
source : Pachacuti

Conclusion

Si l’industrie textile est créatrice d’emploi, elle est également source d’inégalités et d’injustices. C’est pourquoi les marques de mode éthique et responsables tendent à changer cela en plaçant l’humain au coeur de leur production.

Que ce soit l’utilisation du commerce équitable ou le recours à des artisans, les méthodes des marques de mode éthiques créées des opportunités et essaient d’améliorer le quotidien de ceux qui créé le contenu de notre garde-robe à travers des opportunités de développement et d’émancipation.

Par ailleurs, si nous n’en avons pas parlé dans cet article, la Slow Fashion accorde une attention toute particulière aux hommes et aux femmes qui font la mode, elle n’en oublie pas moins les animaux. En effet, les animaux sont également très impliqués dans le cycle de la mode. Cuir, laine et fourrure sont ainsi produits à partir d’animaux et ces matières ne sont pas toujours créées de façon éthiques ou dans les meilleures conditions.

Ainsi, certaines marques ont à coeur de n’utiliser que des matières obtenues dans les meilleures conditions possibles : laine d’élevage n’ayant pas recours aux pratiques comme le mulesing, ou soie produite sans cruauté (c’est à dire, sans que le vers à soie ne soit détruit au moment de la récolte du cocon).

D’autres, décident d’arrêter complètement l’utilisation de tout les produits dérivés d’animaux. C’est le cas par exemple de la marque vegan Vaute Couture qui utilise pour la fabrication de ses manteaux des matières fabriquées à partir de bouteilles plastiques recyclées.

Quelques exemples de marques qui placent l’humain au coeur de leur production

Si le luxe célèbre ses petites mains, pour les grandes marques (de Fast-Fashion), elles sont plutôt une vérité qui dérange. Lucy Siegle – To die for, is fashion wearing out the world? 

 

Stéphanie
Fashionista d'un nouveau genre, je vous fais partager ma passion pour la mode éthique et responsable.