Après des années de shopping inconsidérés, j’ai décidé de sortir du modèle de sur-consommation qui nous entoure et de m’attacher à une consommation de la mode plus responsable et respectueuse (de l’environnement et de l’homme).

Les semaines précédentes, nous avons vu que pour mieux consommer la mode des solution existent : On peut consommer des vêtements de seconde main (Vintage et Upcycling) ou bien s’intéresser à de nouveaux modes de consommation (Renting, Leasing et Swapping).

Cette semaine nous allons voir qu’il existe également une solution toute bête : prendre soin de nos vêtements pour les garder plus longtemps.

Make Do and Mend

En 1943, en pleine seconde guerre mondiale, le gouvernement anglais sortait une brochure intitulée ‘Make Do and Mend‘. Ce petit fascicule avait pour but d’expliquer aux femmes comment être créatives pour garder leurs vêtements en bon état. En effet, durant cette période difficile, acheter de nouveaux vêtements n’était pas forcèment une option, il fallait alors bien faire avec ce que l’on avait sous la main.

A l’époque, les femmes usaient donc de ruse pour réparer et retravailler le moindre accro dans un vêtement.

Make Do and Mend pamphlet vintage 1940's

Cette philosophie est encore bien présente aujourd’hui. Moins par nécessité que par conscience, beaucoup ont décidés que consommer pour consommer n’était pas une solution. Aujourd’hui, les articles de mode ne sont plus des consommables (c’est à dire des articles que l’ont utilisent jusqu’au bout de leur cycle de vie) et on a plutôt tendance à en changer parce que nos goûts (ou les tendances) évoluent plus vite que l’usure du vêtement.

C’est ainsi qu’une grande partie des vêtements qui finissent dans les décharges ne sont pas vraiment abîmés, juste passé de mode.

L’autre problème est qu’avec la baisse du prix des vêtements, beaucoup préfèrent jeter un article au moindre accro ou bouton tombé plutôt que de payer pour une réparation. En effet, pourquoi payer une dizaine d’euros pour faire boucher un trou dans un T-shirt (de toute façon de qualité médiocre) quand on peut pour le même prix en acheter un neuf (de qualité toute aussi médiocre)?

Et pourtant, on le sait, nous tissons des liens sentimentaux avec nos vêtements.

A chaque fois que j’ouvre mon placard et que je tombe sur la robe que je portait lors du premier rendez-vous avec mon fiancé, je ne peux m’empêcher de sourire et de me remémorer cette soirée. Et je retombe à chaque fois en enfance quand je voit le cardigan à motif pied de poule que mon papa portait tout le temps quand j’étais petite.

Les vêtements sont une partie de notre histoire et de notre construction et il semble bien dommage de ne les considérer que comme de vulgaires bouts de tissus.

La marque d’outerwear Patagonia l’a bien compris et a décidée de lancer une initiative pour célébrer les histoires que nous tissons avec nos vêtements.

Le programme Worn Wear, c’est un compte instagram qui répertorie les photos des clients de Patagonia en train de porter leur article favori. Mais la marque a décidé d’aller plus loin avec le Worn Wear Tour. Ici, il s’agit d’une camionette qui parcours les Etats-Unis pendant plusieurs semaines en proposant des réparations gratuites de vêtements Patagonia. Par ailleurs, à chaque arrêt, la marque propose également des sessions pour apprendre à réparer soi même ses vêtements.

Cette initiative a rencontrée un énorme succès et le Worn Wear Tour a ainsi fait une nouvelle tournée ce mois-ci.

Patagonia Worn Wear
source : patagonia

Lavage et entretien

Outre les réparations, l’autre point important de la vie d’un vêtement est l’entretien que nous en faisons. En effet, si la production de textile demande beaucoup d’énergie et produit des émissions de CO2, l’entretien des vêtements est loin d’être sans impact.

Plusieurs études montrent même que 2/3 des émissions de CO2 des vêtements proviennent de l’entretien. Si cela semble beaucoup, cela signifie également qu’il ne tient qu’a nous de changer une grande partie de l’impact de l’industrie textile sur l’environnement.

Ainsi, la marque Reformation propose sur son site une page d’information et de conseil sur le lavage des vêtements. Les conseils donnés sont à vrai dire assez simple à suivre :

– Laver à froid (ou en tout cas le plus froid possible)

– Ne pas utiliser le sèche linge et favoriser le séchage naturel, au soleil

Reformation Clothing Care Green Dry Line
Source : reformation

Par ailleurs, le lavage trop fréquent des vêtements est également un problème. En moyenne, nous lavons nos jeans toutes les 2-3 utilisations alors que les fabricants de denim s’accordent à dire qu’un lavage toutes les 8-10 utilisations est largement suffisant. En effet, le lavage intensif favorise la détérioration du textile tout en produisant une grande quantité de CO2.

Certaines marques de jean comme Levi’s par exemple ont d’ailleurs décidé d’adresser ce problème notamment en encourageant leur clients à laver moins souvent leurs jeans (voir un article ici).

L’autre problème lié au lavage intensif des vêtements est celui des déchets plastiques. Vous ne le savez peut être pas, mais l’une des plus grandes causes de pollution des océans provient des déchets microscopiques de plastique qui passent des évacuation d’eau dans les océans. Ses déchets sont principalement produits par le lavage des vêtements en fibres synthétiques comme l’acrylique ou le nylon. A chaque lavage, ces vêtements produisent jusqu’à 1900 fibres microscopiques qui passent ensuite dans l’eau de la machine.  (lire un article sur le sujet ici)

Conclusion

Sortir du modèle de sur-consommation de la mode n’est pas impossible. Pour cela, nous pouvons commencer par faire des achats considérés et responsables.

Il existe de plus en plus de modèle qui nous permettent de consommer la mode sans pour autant l’acquérir. Par ailleurs, le moyen le plus simple de changer de façon durable notre consommation de la mode est aussi de changer nos comportements post-consommation.

Ré-apprenons à aimer notre garde-robe et à la chérir !

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« New Shoes » by Gerald Waller, Austria 1946

 

 

 

 

Stéphanie
Fashionista d'un nouveau genre, je vous fais partager ma passion pour la mode éthique et responsable.